dimanche 12 septembre 2010

Boris & Ian Astbury - BXI




Le non-culte. Et une nouvelle collaboration pour les japonais inépuisables. Cette fois-ci, c’est Ian Astbury qui a droit aux honneurs suite à sa participation à un concert de Boris en Australie, le 30 mai dernier.
Ian Astbury c’est le chanteur de The Cult. Moi y en a avoir du mal avec The Cult. Autant leur période “post keupon” je ne la connais pas vraiment (et ça m’a donné plus envie que ça), autant leur période heavy/hair/leatherpants rock est juste pas supportable du point de vue de ma sensibilité visuelle et acoustique. Passé ces aprioris néfastes et nuisibles, m’accrochant à un semblant d’espoir à base de “c’est Boris! pink était génial!” ou autre “Ah ouais il chante un peu comme Morrisson ce Astbury quand même.”, je m'apprête à lancer ce nouveau disque.
Cette collaboration est composée de 4 morceaux dont une reprise de The Cult (vraiment?). Les deux premiers morceaux sont de simples réchauffés de The Cult aux guitares étouffés typiques de Boris, en plus mou. Cette vague tentative de créer des tubes Cultiens ne leur sied pas vraiment et a même tendance à créer l’inverse. Le morceau suivant est la fameuse reprise d’un des tubes de The Cult (Rain) chantée par Wata... A ce moment de l’écoute, je me demande quel peut être le but de ce disque. Tout semble fade, gris. Commence alors l’aérien Magickal Child, seul morceau parvenant à sauver ce disque des oubliettes. Une composition plus proche de Boris, plus personnelle, rappelant quelques échappées lancinantes de Mabuta No Ura. Malheureusement, l’EP touche à sa fin.

A noter que lors du concert du 30 mai, The end des Doors a été repris de façon plutôt remarquable alliant la profondeur de la voix d’Astbury aux riffs aériens de Boris. Dommage que ces qualités n’aient pu survivre à l’épreuve du studio. Bad point.

mardi 7 septembre 2010

Swans - My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky



Chroniquer un Swans. Le défi parait déjà hardi à la base. Hardi parce que Swans est par essence indéfinissable et imprévisible (fut un temps); parce que Swans fout(ait) les pieds dans le plat; parce que M.Gira est aliénation. En 2010, après plus de 10 années d’absence et plusieurs albums d’Angels of Light, que reste-t-il de cette folie ? Eh bien, pas grand chose si ce n’est une capacité inouïe à cracher des titres d’albums à chier par terre. Gira l’a dit lui même “I am not insane”.

Reformation certes, retour de Westberg, retour de Gira mais pas de Jarboe. C’est à dire au four les ambiances noires, les nappes malsaines qui ont si bien sues édulcorer les compositions ultra brutales des débuts. Terminé les escapades apeuré dans un jardin brumeux à poursuivre le dragon. C’est donc légitimement et naturellement que ce nouveau disque sonne très Angels of Lightien, plus axé sur la guitare et ses effets. et puis, qui attendait vraiment un Children of God bis ? sérieusement.

Le squelette de cet album en est d’ailleurs la preuve. M.Gira, sa guitare et sa mélancolie. L’album sorti quelques temps avant par M.Gira (I am not insane) a constitué la base du travail pour le futur Swans (et a permis de financer ce nouvel album) et regroupe des chansons acoustiques enregistrées par Gira dans son bureau avec un micro pourri. Aucune retouche, du brut, du cru !

My father... est organique. Il est spontané et cohérent; et bien à cent lieux de ce qu’ils ont pu produire avant. On pourra regretter ce sentiment d’inachevé, non pas au niveau de la longueur de l’album (quoi que) mais plutôt au niveau de la structure même des chansons. La première écoute m’a laissé l’impression d’entendre une preview. Dommage qu'au fil des écoutes cet aspect ne se dissipe pas vraiment, et que la première chose qui vient à la fin de l'album est un "encore!".
A noter que l'on retrouve Devendra Banhart en guest (en plus de la fille de Gira) sur l'irritable morceau You Fucking People Make me Sick.

Moins hargneux, moins de Jarboe et moins de brume mais plus mature et plus monolithique. un album plaisant mais loin d’être une arme de destruction massive. Et mine de rien, ca fait plaisir d'écouter un Swans, surtout aux vues du paysage musical actuel.

jeudi 2 septembre 2010

Naam - Naam


Suite à leur excellent EP « kingdom » Naam revient avec son premier album éponyme sous le bras, qu'il doit avoir bien gras et peu lavé, véritable mur de fumée hallucinogène. Ce qui est sûr c'est que le groupe n'a pas inventé l'eau chaude mais il développe toujours un style heavy aux fortes saveurs psychédéliques sérieusement addictives puisant autant chez sleep que black sabb' (normal me direz-vous) et d'autres groupes obscurs des 70's. Des sonorités vintages à rapprocher du coté des pionniers. Un mélange qui oscille entre stoner couillu et space rock ultra vaporeux. Le tout pour un voyage qui durera un peu plus d'une heure, ticket s'il vous plait! L'album débute tout en douceur sur le très long et chamanique « kingdom », on pense de suite à Sleep pour le chant incantatoire qui ressemble à s'y méprendre à celui d'Al Cisneros, l'ajout d'une sitar permet de jouer définitivement avec nos sens en instaurant une facette orientale, Ravi Shankar et autres conneries New Age. Sens qui seront mis à rudes épreuves, les percussions finement dosées et complexes ne cesseront d' assommer l'auditeur pour mieux le guider vers la transe. Voilà comment cette entreprise de joyeux camés peut être décrite: transcendantale et illégale de part les substances qu'elle suggère. Un bel hommage à ceux qui ont jadis foulé les vastes terres de cocaïne immaculées. A noter, les quelques interludes minimalistes qui font office de transitions tribales et ambients creusant davantage l'atmosphère de l'album. Les incursions aux claviers, fleurant bon le LSD, marquent à nouveau cet héritage seventies bien affirmé, on pense à Hawkwind mais aussi à la sphère krautrockienne. Qu'on se le dise aussi Naam est un groupe heavy et il sait très bien nous maintenir éveillé avec « Skyling Slip », pur morceau stoner entre black sabb' et le « highway star » des deep purple. Le son de la guitare est un vrai délice ni trop lourd ni trop léger, fuzzé juste comme il faut. On termine la course avec « Black Ice » qui se (dés)articule sur plusieurs cassures rythmiques jusqu'à aboutir à un petit blast beat bien senti qui en étonnera plus d'un, histoire de nous réveiller illico presto en fin de voyage, tout le monde descend!

mercredi 1 septembre 2010

The Residents - Gingerbread Man


Outre les classiques « The Third Reich'n Roll », « Commercial Album » qui pullulent sur les forums. La très longue carrière discographique des Residents recèle de pépites dont on entend beaucoup moins parler. The Gingerbread Man fait donc partie de ces oeuvres qui sont souvent reléguées au rang de second couteau dans la disco des Redz. Album concept, chose récurrente chez les Residents (la trilogie des moles, Freak Show,...) pour un groupe qui en est lui-même un (pensez donc quatre types masqués de globes oculaires disproportionnés se dodelinant sur des sonorités improbables). Cependant derrière leurs pitreries avant-gardistes se cache une personnalité aussi intelligente qu'elle intrigue, un savoir-faire unique et inimitable.Sorti tout d'abord en 1994 en tant que projet multimédia (CD-ROM), pionniers en la matière comme pour le vidéoclip d'ailleurs. La bande sonore sera éditée en CD seulement l'année suivante.

Nos chères têtes d'oeil nous livre ici 10 morceaux dont chacune des parties est centrée sur un personnage (The Dying Oilman, The Sold Out Artist), les personnages partageant tous ce constat amer de leur propre vie, l'aigreur et la frustration d'avoir entrepris de possibles mauvais choix et par conséquent de s'être murer à jamais dans l'antichambre du bonheur, monde de merde et triste monde tragique. Autre son coté décalé, se développe un travail de réflexion intéressant et une thématique pour le moins universelle donc. L'album commence sur un rythme martial qui met directement en lumière cette mélodie entêtante du Gingerbread Man (incarnation ici de la mort sous la forme d'un petit bonhomme en pain d'épice) qui s'enracinera fortement dans la mémoire de l'auditeur, vous vous surprendrez à la chantonner sans vous en rendre compte au cours de la journée, magique. Véritable hymne donc et colonne vertébrale de cette oeuvre puisqu'elle sera omniprésente tout au long de l'album. Chaque morceau peut être perçu comme une réinterprétation de ce motif pour mieux renforcer le caractère universel de la thématique grâce à divers intruments: guitare, violon, piano, saxophone et autres synthés bien kitshs. L'une des particularités des Residents que l'on peut leur reconnaitre est d'avoir toujours su faire sonner des synthés tout pourris d'une manière inquiétante et attirante sans paraître ridicule. La place des personnages dans tout ça? Sous formes de spoken words ou de litanies incessantes qui reviennent souvent de la même manière. L'absence du multimédia réduit très certainement l'impact de Gingerbread Man (à quand une réédition?). De jolis moments de bravoure sont à souligner avec « The Sold-Out Artist » où la tension est palpable, « The Ascetic » et son petit air d'opéra fantasmagorique met de suite en exergue la riche palette artistique des Redz et « The Butcher » pour sa rythmique tribale qui noue l'estomac. A ranger aux côtés des oeuvres les plus sombres des residents, « Whatever Happened To Vileness Fats? » et « The River Of Crime », ne reste que Gingerbread Man est un album parfait pour les néophytes contrairement à The Third Reich'n Roll beaucoup moins abordable.


samedi 14 août 2010

Public Image Limited - First Issue


P.I.L pour Public image limited, groupe fondé directement après la dissolution des Sex Pistols par Johnny « Rotten » Lydon en 1978.Le 'sieur Lydon pourra se targuer d'avoir fait partie de deux des plus grands mouvements fin 70's et 80's: Tout d'abord, le punk véritable révolution autant sur le plan sociologique que musical (m'enfin ils savaient pas jouer quoi) et sa descendance bâtarde, le post punk, rejetée par les puristes du mouvement qu'il a lui-même contribué à ériger dans le chaos cela va de soi. L'imaginaire populaire retiendra surtout ses incartades « no future » orchestrées de main de maître par McLaren, célèbre cycliste londonien.

De prime abord, on constate qu'une fois émancipé des Sex Pistols, Lydon laisse libre court à ses envies et de surcroit ses influences( il a eu une fois le malheur de citer timidement du bout des lèvres Can, une catastrophe pour l'entourage).Libertés qui ne pouvaient être prises au sein des Pistols, fait paradoxal pour un groupe qui scandait « Anarchy in the U.K ».Cependant, là où la musique des pistols sonnait tout de même sommaire, P.I.L sonne beaucoup plus travailler et maitriser dans une certaine mesure. Premier morceau, « Theme », on avance à tâtons en pleine noise chaotique: guitares métalliques et rampantes dont n'aurait pas renié un certain Steve Albini. La voix de Lydon se veut plaintive et rageuse, le ton est donné. Les morceaux suivants « Religion I & II» nous offre un Lydon incantatoire, registre dans lequel il nous avait peu habitué. Demeure les réminiscences du passé, qui se font également ressentir avec des morceaux tels que « Annalisa », « Low Life » et « Public Image ».Ce dernier se place d'ailleurs comme le meilleur morceau de l'abum (et très certainement comme l'un des meilleurs morceaux estampillés post-punk de cette époque), mélodies imparables tout droit sorties de la guitare acérée de Levene et Lydon n'avait jamais aussi bien assuré au chant. Bref, on est conquis.Le jeu de basse profond, conférant de temps à autre un groove(!!!) ravageur, avait fait forte impression à l'époque et n'a rien perdu de son charme. En parlant de groove, l'album termine sa course sur un morceau reggae-dub assez surprenant par rapport au reste de l'album, style qu'affectionne tout particulièrement Lydon. Ce First Issue est un essai gagnant (l'enregistrement fût pourtant un sacré bordel entre drogues, problèmes de studio et très peu de répétitions) et se place donc à la croisée des chemins et des styles, une évolution musicale (tite baffe provocatrice incluse), chose qui sera davantage affinée sur le non moins important, Metal Box.

mardi 10 août 2010

Blue Cheer - Vincebus Eruptum


Abrasif. 1968. A cette époque, on s'émerveille comme des chiens fous sur toutes sortes de fleurs et substances. On crie, on chante, tout ça dans le plus profond respect des choses et des autres. Pathétique. 1968. Blue Cheer dégaine son arme de destruction massive. Bien déterminé à déconstruire ce son si commun à l'époque, les américains insultent, violent, pillent et tuent. J'imagine qu'a l'époque, entendre un groupe du genre n'a pas dû être facile surtout pour des personnes habituées aux diseurs de bonne aventure. Mais qu'importe, Blue Cheer jouent dans un garage enfumé ce que Kyuss fera 20 ans plus tard.
Si la musique devait etre un arbre, Vincebus Eruptum en serait certainement la base d'une de ses branches. Fils illégitime du Blues et du Rock, Blue Cheer travaille un son abrasif et tape-à-l'oreille (ouais j'invente), lourd et noisy. Les solos au fil de l'album sont étirés et lointains, comme noyés dans une nuée psychotrope. On pense forcément a Boris, à qui les amplis Orange procurent ce son si écorché qui leur sied si bien.
La voix de Peterson est poussive, tantôt hurlée, tantôt chantée mais toujours avec cette énergie révoltante. Le mixage lointain de la batterie renforce le côté étouffant du son et des guitares tout au long de l'album. On ressort de l'écoute comme d'un concert : transpirant et avec les oreilles qui sifflent. L'album s'ouvre sur une reprise explosive de Summertime Blues, idéale pour donner la motiv pour aller se chercher une boisson maltée bien fraîche. Eddy Cochrane ou es-tu ? probablement perdu dans le désert à bouffer des cactus. Deux autres reprises figurent sur l'album, Rock me baby de B.B King et Parchman Farm de Mose Allison qui subissent elles aussi les outrages du rouleau compresseur bleu.
Pour résumer, Vincebus Eruptum est le côté obscur de la musique psychédélique américaine, qui a ouvert la porte à des tonnes d'artistes pour qui l'expression "mur du son" avait (encore) une signification. A écouter volume maximum et sous 35 degrés.

vendredi 11 juin 2010

The Psychedelic Avengers - The Curse Of The Universe


Un Nom de clique de super-héros, une pochette mystico-Star Trek/Ulysse 31/Cosmos 1999 (au choix).Quoique pour le coté electro qui se dégage de ce projet, la balance penchera davantage vers les cosmonautes estampillés 1999 et leur générique disco alors en phase avec son époque mais totalement décalé avec la Science-fiction de l'époque. C'est en 2004 que les Psychedelic Avengers allemands nous livre leur première mission, The Curse Of The Universe. Coté équipage, c'est un joyeux bordel à bords du Silver Wing (leur vaisseau): une vingtaine de groupes/artistes prennent par à l'aventure dont Colour Haze pour le plus connu. Au final, il ne s'en dégage aucun line-up précis. Ce premier album nous narre donc les aventures du Silver Wing face aux aléas du voyage dans l'espace (Vortex, planètes inconnues, Méchants pas beaux,...).

Scindé en deux parties (Part I - In which the mighty Silver Wing leaves the solar system, starts its old, tremendous metagrav drive and jumps into hype et Part II - Mistress Saya) par soucis narratif, l'album est cependant majoritairement instrumental. La structure narrative se bornera aux titres longs des morceaux et aux ambiances.

On attaque la première partie, premier morceau, on nage en pleine tradition stoner rock, riff bien gras du désert Mojave. Alors que l'on pourrait s'attendre à ce que les morceaux s'enchainent dans la même veine, il en est tout autrement. Incursions electro dance rock sur A Daring Escape Through The Asteroid Fields Of The Jugon et relents ambient, drum'n bass et râles orgasmiques féminins (Objectif Lune?) sur le sixième morceau (désolé les titres sont vraiment trop longs).Ritournelle rock psyché sur le morceau titre de la partie II, Mistress Saya. Une deuxième partie plus calme, d'où cette ballade lo-fi de l'espace (An ordinary evening on board of the Silver Wing on one of those cold and lonely interstellar nights) et une approche qui nous rappelle la grande époque du rock prog allemand. Les éléments électroniques sont aussi plus minimalistes sur cette deuxième partie contrairement à la première qui abordait le voyage plein d'entrain du Silver Wing. Propre à toute thématique S-F, nous avons le droit à un petit film sonore en guise de bataille spatiale (In which the Decterian Blood Demons take bloody revenge) où les boucles percussives s'affrontent. On vous laissera la noble tâche de découvrir par vous-mêmes l'épilogue de cette aventure.

Le premier chapitre de ce gang bang musical, The Psychedelic Avengers, demeure une agréable surprise. La pluralité des intervenants au sein du projet permet de nous offrir un album à la fois riche et très dense sans qu'il ne soit décousu. L'histoire de conquête spatiale non sans humour est un petit plus dont on pourra faire abstraction. Les 76 minutes sont sans temps morts, les morceaux formant un seul bloc grâce aux multiples interludes et autres bruitages Sci-Fi qui forment un pont entre chaque morceau. Une oeuvre hétérogène pas coincée du cul qui sort un peu des sentiers battus des concept album souvent foireux.To Be Continued.

dimanche 28 février 2010

Faust - C'est Com Com Compliqué


Quoiqu'on en dise, Faust demeure l'un des rares groupes issue de cette période faste (krautrock) de la musique allemande toujours debout aujourd' hui. Leur dernier album en date, C'est Com Com Compliqué, nous prouve que Faust ne sait en rien perdu dans sa démarche de recherche sonore au fil des décennies. Plus accessible que son prédécesseur Disconnected qui était en faite une collaboration avec Nurse with wound dont Steven Stapleton s'était chargé du mix, ce nouvel album rassemble les morceaux composés durant la deuxième session de l'enregistrement de l'album cité plus haut.

On va tout d'abord parler du ton majoritairement comique de l'album, Faust n'avait jamais été aussi décomplexé qu' aujourd' hui. A l'image de la pochette de l'album et du titre qu'elle porte, le groupe tend ici un véritable doigt d' honneur à toutes âmes qui vivent qui voudraient absolument les enfermer dans la case intello. « C'est Com Com compliqué », titre ironique qui résume tout à fait le crédo du groupe qu'il ne faut pas chercher systématiquement le pourquoi du comment et le comment du pourquoi. Faust s'amuse tout simplement avec « ses petits sons appétissants » voilà sa seule et unique motivation sinon il aurait fait autre chose, il aurait vendu de la soupe. Cela se ressent également au niveau des quelques rares paroles du groupe mais le sont-elles vraiment? Il en ressort plus une impression de jeu qu'autre chose, elles ne sont pas vraiment chantées mais plus déclamées avec un certain sens de l'ironie, un brin mystérieuses et abstraites volontairement second degrés.

Dans son ensemble, l'album aborde un format résolument rock même si cela risque de faire grincer des dents les principaux intéressés de le dire. Il se dégage fortement un caractère méditatif des morceaux, "Kundalini Tremolos" en tête: guitares répétitives, lancinantes, des sonorités qui pourraient être éventuellement comparer à du Growing. Faust sait aussi donner dans la retenue, histoire de faire monter judicieusement la sauce, « accroché à tes lèvres » morceau qui s'articule tout d'abord avec un synthé « vintage » soutenu par un duo basse-batterie timide mais efficace avant l'arrivée des guitares noisy. On remarque que Faust prend le temps d'amener ses compositions, une ambiance et c'est en cela que l'on peut qualifier l'album de progressif. Il est clair qu'ici Faust relie aisément le passé, le présent et le futur qu'il a encore pour quelques temps devant lui. Des sonorités vintages charmeuses et une production en phase avec son temps confère à cet album un aspect intemporel immédiat. « Ce chemin est le bon » semble être le leitmotiv du Faust actuel. Cependant, il sait relever le pied à temps, des morceaux comme « en veux-tu des effets en voilà » mais encore « lass mich » sont en quelques sortes récréatifs: l'un exutoire à la frontière du post punk qui se moque de la surenchère, l'autre acoustique pour le moins anecdotique.

Toutes ressemblances avec ses oeuvres antérieures seraient fortuites, Faust est l'exemple même du groupe qui ne cesse de se renouveler en permanence, la philosophie du groupe en somme mais d'une manière plus décontractée. On est certes bien loin des oeuvres majeures du groupe mais ce chemin est définitivement le bon. Reste à savoir pourquoi le tigre en veut-il au chat? Pas même Faust ne le sait.