mardi 24 mars 2009

Jument - Plate X


Il arrive parfois qu'une écoute hasardeuse de la musique, dans son sens le plus général, réserve son lot d'agréables surprises, et ce Plate X du jeune étalon prénommé Jument ne déroge pas à la règle, d'autant plus surprenant de la part d'un groupe issu d'une petite bourgade américaine, Boise dans l'état de l'Idaho aux Etats-Unis d' Amérique. Sorti tout d'abord dans le cadre restreint de l' autoproduction en 2008 pour la modique somme de 5 dollars via leur myspace, le dit album va bientôt se voir rééditer sur le label français, Trendkill recordings. Ce qui est une excellente nouvelle, les groupes de cette acabit se faisant plutôt rare.

A l' écoute des 7 titres de Plate X, on sent que les influences, palpables au premier abord, ont été finement digérées et régurgitées, donnant ainsi naissance à une matière nouvelle, bâtarde et difficilement classable. On pense de suite à Neurosis pour l'aura Postcore qui s'en dégage et Meshuggah pour l'utilisation de certains accords, cependant il serait stérile de tenter de comparer Jument avec les dits groupes tant la musique distillée par jument fait figure d'outsider. Tenter de catégoriser leur musique se révèle peine perdue et il est d'autant plus compliqué de la définir, postcore ?, mathrock ?, certainement tout cela à la fois voire au-delà même, preuve qu'en ce début d'année 2009, on est encore très loin d'avoir fait le tour de la question.

Le combo fait preuve d'une liberté et d' une créativité déconcertante pour une première production de cette envergure, chaque morceau se révèle imprévisible: « Posterior Transverse » et « Branches Above » en tête, évoluent entre cassures rythmiques, riffs destructurés dont émergent souvent de discrètes mélodies comme sur la plupart des autres morceaux. Sonnant proche du rock indie, ces mélodies n'arrivent jamais comme un cheveu sur la soupe mais d'une manière subtile et succincte qui se laisse porter par le son naturel des guitares. Le son, un des éléments majeurs de cet album, enracine sa force dans le fait que celui-ci se veut chaud et relativement ouvert ce qui contre balance diamétralement avec le chant à l' étouffé, ancré dans le sillage Post-hardcore, monocorde et linéaire donnant à l'ensemble plus qu'un fil conducteur, une continuité.

Par conséquent cet alliage paradoxal du miel et du vinaigre affine le caractère de cet album, à la fois robuste et tendre, il s'en dégage une certaine sensibilité, une émotion qui bien au contraire ne plombe jamais l'ambiance mais prête à sourire. L'album s'achève sur un morceau de taille « Where Pelicans Go To Die » de 26 minutes. Très certainement le morceau le plus accessible de l'album dû notamment à l'apparition d'un chant féminin qui, bien qu'il soit maitrisé, rend ce début de morceau un peu trop mièvre. Un final qui ne cesse de progresser tout en décrescendo et qui prouve que Jument a plus d'un tour dans son sac, tour à tour électrique, puis acoustique, l'album se clôt sur des sonorités métalliques et cristallines avec pour fond sonore un rire moqueur synonyme d'avertissement.

Vous l'aurez bien compris, cet album est une véritable surprise, Jument brouille les pistes et joue la carte de la richesse en diversifiant les textures et les reliefs sonores. Un album riche et dynamique qui peut laisser perplexe à la première approche mais qui au fil des écoutes délivre tout son sens et toute sa saveur, reste à attendre un prochain effort pour confirmer le potentiel du groupe.

samedi 21 mars 2009

Kylesa - Static Tensions


Non, Hard-Waves n'échappera pas à la petite hype du moment dans le monde du rock bien gras des familles. Surtout vu la qualité du présent album. Tout sur ce disque est une réussite, du jeu de batterie en duo aux riffs de guitare faisant toujours mouche en passant par les mélodies de voix. Au programme, passages rock énervé et grassouillet à tendance métal des bayous, breaks rappelant le Mastodon dernière période pour le jeu des six-cordes, envolées à portance psychédélique nous ramenant au Floyd période A Saucerful Of Secrets (oui vous savez, quand le groupe portait encore dignement l'appellation de psyché rock). Le tout formant un savant mélange ultra addictif et potentiellement "rentre dans la tête".

Ah oui, j'entends aussi du Sabb Four, particulièrement sur la piste Running Red, à tel point que, si cela n'avait pas été si bien maîtrisé et ingéré, on aurait pu hurler au scandale à tendance plagiatif. Reste aussi selon moi LE tube de l'album, Almost Lost.

Un petit tour sur la platine et puis retour à la première piste pour quarante nouvelles minutes de dénuquage.