Abrasif. 1968. A cette époque, on s'émerveille comme des chiens fous sur toutes sortes de fleurs et substances. On crie, on chante, tout ça dans le plus profond respect des choses et des autres. Pathétique. 1968. Blue Cheer dégaine son arme de destruction massive. Bien déterminé à déconstruire ce son si commun à l'époque, les américains insultent, violent, pillent et tuent. J'imagine qu'a l'époque, entendre un groupe du genre n'a pas dû être facile surtout pour des personnes habituées aux diseurs de bonne aventure. Mais qu'importe, Blue Cheer jouent dans un garage enfumé ce que Kyuss fera 20 ans plus tard.
Si la musique devait etre un arbre, Vincebus Eruptum en serait certainement la base d'une de ses branches. Fils illégitime du Blues et du Rock, Blue Cheer travaille un son abrasif et tape-à-l'oreille (ouais j'invente), lourd et noisy. Les solos au fil de l'album sont étirés et lointains, comme noyés dans une nuée psychotrope. On pense forcément a Boris, à qui les amplis Orange procurent ce son si écorché qui leur sied si bien.
La voix de Peterson est poussive, tantôt hurlée, tantôt chantée mais toujours avec cette énergie révoltante. Le mixage lointain de la batterie renforce le côté étouffant du son et des guitares tout au long de l'album. On ressort de l'écoute comme d'un concert : transpirant et avec les oreilles qui sifflent. L'album s'ouvre sur une reprise explosive de Summertime Blues, idéale pour donner la motiv pour aller se chercher une boisson maltée bien fraîche. Eddy Cochrane ou es-tu ? probablement perdu dans le désert à bouffer des cactus. Deux autres reprises figurent sur l'album, Rock me baby de B.B King et Parchman Farm de Mose Allison qui subissent elles aussi les outrages du rouleau compresseur bleu.
Pour résumer, Vincebus Eruptum est le côté obscur de la musique psychédélique américaine, qui a ouvert la porte à des tonnes d'artistes pour qui l'expression "mur du son" avait (encore) une signification. A écouter volume maximum et sous 35 degrés.
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