Chroniquer un Swans. Le défi parait déjà hardi à la base. Hardi parce que Swans est par essence indéfinissable et imprévisible (fut un temps); parce que Swans fout(ait) les pieds dans le plat; parce que M.Gira est aliénation. En 2010, après plus de 10 années d’absence et plusieurs albums d’Angels of Light, que reste-t-il de cette folie ? Eh bien, pas grand chose si ce n’est une capacité inouïe à cracher des titres d’albums à chier par terre. Gira l’a dit lui même “I am not insane”.
Reformation certes, retour de Westberg, retour de Gira mais pas de Jarboe. C’est à dire au four les ambiances noires, les nappes malsaines qui ont si bien sues édulcorer les compositions ultra brutales des débuts. Terminé les escapades apeuré dans un jardin brumeux à poursuivre le dragon. C’est donc légitimement et naturellement que ce nouveau disque sonne très Angels of Lightien, plus axé sur la guitare et ses effets. et puis, qui attendait vraiment un Children of God bis ? sérieusement.
Le squelette de cet album en est d’ailleurs la preuve. M.Gira, sa guitare et sa mélancolie. L’album sorti quelques temps avant par M.Gira (I am not insane) a constitué la base du travail pour le futur Swans (et a permis de financer ce nouvel album) et regroupe des chansons acoustiques enregistrées par Gira dans son bureau avec un micro pourri. Aucune retouche, du brut, du cru !
My father... est organique. Il est spontané et cohérent; et bien à cent lieux de ce qu’ils ont pu produire avant. On pourra regretter ce sentiment d’inachevé, non pas au niveau de la longueur de l’album (quoi que) mais plutôt au niveau de la structure même des chansons. La première écoute m’a laissé l’impression d’entendre une preview. Dommage qu'au fil des écoutes cet aspect ne se dissipe pas vraiment, et que la première chose qui vient à la fin de l'album est un "encore!".
A noter que l'on retrouve Devendra Banhart en guest (en plus de la fille de Gira) sur l'irritable morceau You Fucking People Make me Sick.
Moins hargneux, moins de Jarboe et moins de brume mais plus mature et plus monolithique. un album plaisant mais loin d’être une arme de destruction massive. Et mine de rien, ca fait plaisir d'écouter un Swans, surtout aux vues du paysage musical actuel.
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