mardi 8 décembre 2009

Punish Yourself - Pink Panther Party



Fluorescent. Le quatuor chaotique Toulousain est de retour pour un album retour aux sources comme on dit dans le pays du soleil couchant. Bon, ayant un certain respect pour le groupe, leurs précédentes sorties et prestations live, je scrute inconsciemment chaque nouvelle sortie. Le précédent album, Cult Movie, est un des meilleurs piounish, rempli de références et de samples comme je les aime, qui possède une véritable ambiance et qui enfin permet de montrer aux fans lambda du groupe un autre aspect de leur musique, tourné vers l'ambient où les nappes electronisantes effleurent la moelle épinière. Retour aux sources certes, mais n'oublions pas l'information majeure autour de cette sortie, la signature sur Season of Mist, qui pour rappel, compte dans ses rangs des groupes comme Kill the Thrill et Esoteric. Bonne nouvelle donc que cette sortie sur un label moins obscur que les précédents et à dimension internationale, mais personnellement, je ne m'en suis pas franchement réjoui d'emblée. C'est donc avec une appréhension propre auxgroupesdontjattendsbeaucoup que je lance ce dernier méfait.


Un première chose frappe, la production. je pense que c'est pas loin d'être la meilleure prod qu'est pu s'offrir le groupe jusqu'à présent, non pas que les précédentes eut été mauvaises, mais celle-ci étant très raw, très brute et rentre dedans, permet de retranscrire fidèlement l'énergie live du groupe. Parce que oui, Punish Yourself est un groupe live, impossible de comprendre la puissance de leur énergie sans avoir vu le moindre concert du groupe.

L'influence de Ministry se fait largement sentir, avec des morceaux proches d'un thrash metal sous speed, notamment sur le morceau This is my body, this my gasoline, véritable abatoire scénique ou tout du moins ce qui devrait l'être. Les parties electro le long de l'album se font plus psyché rappelant certains plans d'un Hilight tribe déjanté. Et puisque c'est un album taillé pour le live (encore un), on a même droit à des passages new wave aux claviers fougueux et refrains entêtants (Satan Buddies, You ain't got me) d'une fraicheur plutôt inédite pour le groupe. We'll die on the Dancefloor tonight, baby!

Punish Yourself nous livre ici un album dans leur veine classique (peut être un peu trop attaché à leur influences) comme ils ont pu le faire auparavant et qui devrait ravir les fans de la première heure et aussi ceux qui ont été déçu par Cult Movie (les malheureux). Le rendez vous est donc fixé, sur la route, aucune raison de les louper, c'est pas comme s'ils ne tournaient pas.

samedi 28 novembre 2009

Nick Drake - Pink Moon


Qui peut se prétendre parfait érudit de la musique folk sans connaître Nick Drake tant sa musique au fil des décennies à gagner son statut de culte, d'incontournable, de classique, de légendaire,...Très certainement parce que nick était une énigme enveloppé dans un mystère, une incarnation parfaite du romantique maudit qui malgré son succès tardif restera probablement toujours éclipsé derrière le sempiternel Bob Dylan.
Dernier album donc de Nick Drake si l'on omet les quatre titres composés peu avant sa mort qui auraient dû prendre place au sein d'un album qui malheureusement ne verra jamais le jour. Force est de constater que Pink Moon presque 40 ans après sa sortie plus que confidentielle (moins de 3000 ex. vendus), n'a pas pris une ride.
Bien au contraire avec le temps il se révèle intemporel et scellé à jamais avec le destin tragique de son interprète: une oeuvre à fleur de peau, d'une extrême sensibilité qui constitue un véritable miroir de la personne qu'était Nick Drake s'enfonçant à chaque album un peu plus dans la tourmente, essuyant échec sur échec .Autrefois accompagné de musiciens de sessions, il aborde la composition de cet album de manière solitaire (en adéquation totale avec son comportement d'alors, devenant de plus en plus sauvage, il disparaît plusieurs fois pendant des jours sans donner la moindre nouvelle à ses proches) juste accompagné de sa guitare si l'on excepte les quelques notes de piano overdubbées sur le titre éponyme, Pink Moon.
Un état d'esprit qui se ressent tant au niveau de la composition que des textes, des chansons aux saveurs saisonnières qui dressent de véritables paysages propices aux épanchements métaphysiques mettant vraiment au premier plan et ce pour la première fois, un mal être profond. Nick Drake avait cette faculté tant de nous émerveiller que de nous émouvoir, sous ses paisibles mélodies nourries d' une noirceur fataliste qui frappe l'auditeur inlassablement à chaque écoute.
Bien que la durée de l'album soit relativement courte (27 minutes), les 11 chansons qui constitue cette oeuvre révèle un songwritting affuté, un jeu limpide et précis, une voix sans âge qui marque et marquera des générations entières de passionnés. Et dire que c'est une pub volskwagen qui révéla Nick Drake au monde entier durant l'année 2000, mieux vaut tard que jamais cela dit. Demeure cette phrase prophétique, issue de « from the morning », « And now we rise, we rise everywhere ».

mercredi 22 juillet 2009

Sunn O))) & Pan Sonic - Che



Sunn et Pan Sonic. Ces deux destructeurs des murs soniques ne peuvent évidemment pas faire dans la demi mesure. 2 destructeurs qui en reprennent un autre, peut-être le premier d'entre tous, j'ai nommé Suicide. C'est donc le morceau Che issu du premier album que les 4 compères ont décidé de triturer. Le son y est caverneux, étouffant presque claustrophobique, on avance à petit pas hésitants au plus profond de ce gouffre désert. Impossible de s'éclairer, impossible de faire demi tour, le piège se referme lentement. Là où Suicide cherchait la déstructuration du son poussée à l'extrême, Sunn et Pan Sonic lui rendent hommage, en emplissant l'espace de ces basses vrombissantes et ces claviers frissonnants. A noter la présence de Joe Preston au chant, ou plutôt aux murmures effrayants et incantatoires. L'orage se termine après presque 6 minutes, trop courtes pour une collaboration de cette ampleur.

La face B propose les titres Thirteen Crosses d'Alan Vega en live et Goodbye Darling marquant le retour de Stephen Burroughs, leader des Head of David.

samedi 4 juillet 2009

Sonic Youth - S-T / Confusion is Sex [...] / Bad Moon Rising



Ces trois disques constituent le triptyque originel, la base de la musique du groupe qui s'estompera avec le temps mais jamais ne disparaîtra complètement. Des débuts cradingues, atonaux et jusqu'au boutistes. Des débuts stridents, schizophrènes et nihilistes.

Du post-punk glacial du maxi Sonic Youth à la no-wave abrasive de Confusion is Sex en passant par le noise rock déglingué de Bad Moon Rising, peu d'autres groupes auront tant maltraité le rock et ses règles, le rock et ses standards, le rock et sa tendance à la branlette technico-progressive post-fleursdanslescheuveux. En tout cas, peu de groupes formés sur une base si typiquement rock. L'indétrônable basse/batterie/guitare détourné au profit d'une musique sans structure commune voir sans structure aucune, d'une musique en grande partie constituée de bruits tirés des amplis de Lee et de Thurston. Tabula rasa des solos de synthé/guitare leplusrapideetaigueagagné, ici on te défonce le tympan à coups de chainsawpicking, de larsens, d'accords qui n'en sont stricto senso pas. Les musiciens prennent un malin plaisir à faire transparaître les bas fonds de la ville qui ne dort jamais, dans lesquels ils vivent, au travers de leur musique. Trafic de drogue, prostitution, crimes, immeubles en ruines, appartements insalubres et politique nationale décadente et à forte teneur martiale. Les membres du groupe ne voulaient pas, ne pouvaient pas composer autre chose que ce dont ils ont accouché.

Ces trois disques sont une fresque de leur époque, les témoins de la vie telle qu'elle pouvait l'être à cet endroit, à ce moment.

Ces trois disques sont les racines du reste de la discographie du groupe et, par là-même, la base de nombres de groupes de rock indépendants s'étant inspirés de la musique de Sonic Youth durant le reste de la décennie, la décennie suivante, la décennie actuelle.

Il y a un avant et un après Sonic Youth.

vendredi 3 juillet 2009

a.h. kraken




Malsain. Glauque. Froid. Répugnant. Bruyant. Introspectif. Vulgaire. Sale. Voilà ce qui pourrait être écrit sur les murs du bunker de a.h. kraken. Pur produit engendré par la scène new-yorkaise no-wave/noise du milieu des 70's/début des 80's, avec un son de guitare à rendre jaloux Steve Albini et ses amplis maison, des parties rythmiques rappelant les Teenage Jesus ou Suicide. a.h. kraken (dé)peint en musique toute la pourriture de la société, à grands coups de guitares qui tronçonnent plus qu'elles ne jouent, de rythmes tantôt lourds, tantôt épileptiques, de basse tendue jouant au tréfonds du temps ou parfois lancinante, de voix en retrait et étouffée éructant et recrachant toute la merde qu'on lui a fait ingurgiter.

a.h. kraken, c'est un voyage au coeur de tous les maux qui nous rongent, un voyage en 3ème classe avec pour seul siège ton cul et comme seul fond musical un concerto pour meuleuses et tronçonneuses.

samedi 11 avril 2009

Von Magnet - Ni Prédateur Ni Proie


Cinématographique. Von Magnet, collectif musicalo-ethno-dansant français portant l'étiquette d'electro-flamenco sévissant depuis 1985 sur les scènes françaises, nous propose ici son dernier cru. Rien de flamenco dans cet album, mais plutôt un gros mix electro/tribal/indus.

Ce disque est une véritable aventure, visuelle et musicale. Tout au long de l'album, on nage en contrée principalement moyen-orientale, de part les ambiances arabisantes tout au long du disque, aux relents tribaux grâce aux beats mystiques le tout sous une ambiance cinématographique. L'album se dessine sous les formes d'un hommage au film Kedma de Amos Gitaï (film narrant l'arrivée d'immigrants rescapés de la Seconde Guerre Mondiale en Palestine), les samples du film côtoyant ceux de Requiem for a Dream ou de Lynch. Entre electro rythmée et indus dansant, le collectif livre une œuvre au cœur du monde et incroyablement moderne; modernité résidant essentiellement dans le métissage des ambiances et la richesse des atmosphères, je ne peux m'empêcher de penser à Ah Cama Sotz voire même Muslimgauze lorsque les percus s'envolent. A bon entendeur...

Wolves in the Throne Room - Malevolent Grain EP


Contemplatif. Voilà comment résumer en un mot ce nouvel EP de wittr. Sans chercher à prouver quoi que ce soit, le groupe évolue et semble bien s'etre trouvé le temps de cet EP. Le musique de wittr se fait de moins en moins Black Metal avec le temps, laissant le champ libre aux expérimentations et autres digressions mélodiques.

2 titres composent cet EP, deux titres en opposition, à l'image du jour et de la nuit. Le premier titre, A Looming Resonnance résume le précédent album, Two hunters en 13 minutes : nappes ambiantes, mélodies lancinantes et riffs teintés de mystiscisme le tout saupoudré par la voix de Jessika, envoûtante et rassurante. Leur identité n'est plus à prouver, et la capacité à ralentir leur black metal afin de laisser éclater les ambiances, tantôt lumineuses, tantôt désespérées prend ici toute son ampleur. Contemplatif, Hate Crystal, le second titre, l'est déjà moins. Morceau Black de l'EP, plutôt linéaire mais à l'atmosphère étouffante et mélancolique se pose en signature du groupe.

Malevolent Grain est surement la production du groupe la plus personnelle sans être la plus inspirée. Les pvristes pourront s'abstenir.

mardi 24 mars 2009

Jument - Plate X


Il arrive parfois qu'une écoute hasardeuse de la musique, dans son sens le plus général, réserve son lot d'agréables surprises, et ce Plate X du jeune étalon prénommé Jument ne déroge pas à la règle, d'autant plus surprenant de la part d'un groupe issu d'une petite bourgade américaine, Boise dans l'état de l'Idaho aux Etats-Unis d' Amérique. Sorti tout d'abord dans le cadre restreint de l' autoproduction en 2008 pour la modique somme de 5 dollars via leur myspace, le dit album va bientôt se voir rééditer sur le label français, Trendkill recordings. Ce qui est une excellente nouvelle, les groupes de cette acabit se faisant plutôt rare.

A l' écoute des 7 titres de Plate X, on sent que les influences, palpables au premier abord, ont été finement digérées et régurgitées, donnant ainsi naissance à une matière nouvelle, bâtarde et difficilement classable. On pense de suite à Neurosis pour l'aura Postcore qui s'en dégage et Meshuggah pour l'utilisation de certains accords, cependant il serait stérile de tenter de comparer Jument avec les dits groupes tant la musique distillée par jument fait figure d'outsider. Tenter de catégoriser leur musique se révèle peine perdue et il est d'autant plus compliqué de la définir, postcore ?, mathrock ?, certainement tout cela à la fois voire au-delà même, preuve qu'en ce début d'année 2009, on est encore très loin d'avoir fait le tour de la question.

Le combo fait preuve d'une liberté et d' une créativité déconcertante pour une première production de cette envergure, chaque morceau se révèle imprévisible: « Posterior Transverse » et « Branches Above » en tête, évoluent entre cassures rythmiques, riffs destructurés dont émergent souvent de discrètes mélodies comme sur la plupart des autres morceaux. Sonnant proche du rock indie, ces mélodies n'arrivent jamais comme un cheveu sur la soupe mais d'une manière subtile et succincte qui se laisse porter par le son naturel des guitares. Le son, un des éléments majeurs de cet album, enracine sa force dans le fait que celui-ci se veut chaud et relativement ouvert ce qui contre balance diamétralement avec le chant à l' étouffé, ancré dans le sillage Post-hardcore, monocorde et linéaire donnant à l'ensemble plus qu'un fil conducteur, une continuité.

Par conséquent cet alliage paradoxal du miel et du vinaigre affine le caractère de cet album, à la fois robuste et tendre, il s'en dégage une certaine sensibilité, une émotion qui bien au contraire ne plombe jamais l'ambiance mais prête à sourire. L'album s'achève sur un morceau de taille « Where Pelicans Go To Die » de 26 minutes. Très certainement le morceau le plus accessible de l'album dû notamment à l'apparition d'un chant féminin qui, bien qu'il soit maitrisé, rend ce début de morceau un peu trop mièvre. Un final qui ne cesse de progresser tout en décrescendo et qui prouve que Jument a plus d'un tour dans son sac, tour à tour électrique, puis acoustique, l'album se clôt sur des sonorités métalliques et cristallines avec pour fond sonore un rire moqueur synonyme d'avertissement.

Vous l'aurez bien compris, cet album est une véritable surprise, Jument brouille les pistes et joue la carte de la richesse en diversifiant les textures et les reliefs sonores. Un album riche et dynamique qui peut laisser perplexe à la première approche mais qui au fil des écoutes délivre tout son sens et toute sa saveur, reste à attendre un prochain effort pour confirmer le potentiel du groupe.

samedi 21 mars 2009

Kylesa - Static Tensions


Non, Hard-Waves n'échappera pas à la petite hype du moment dans le monde du rock bien gras des familles. Surtout vu la qualité du présent album. Tout sur ce disque est une réussite, du jeu de batterie en duo aux riffs de guitare faisant toujours mouche en passant par les mélodies de voix. Au programme, passages rock énervé et grassouillet à tendance métal des bayous, breaks rappelant le Mastodon dernière période pour le jeu des six-cordes, envolées à portance psychédélique nous ramenant au Floyd période A Saucerful Of Secrets (oui vous savez, quand le groupe portait encore dignement l'appellation de psyché rock). Le tout formant un savant mélange ultra addictif et potentiellement "rentre dans la tête".

Ah oui, j'entends aussi du Sabb Four, particulièrement sur la piste Running Red, à tel point que, si cela n'avait pas été si bien maîtrisé et ingéré, on aurait pu hurler au scandale à tendance plagiatif. Reste aussi selon moi LE tube de l'album, Almost Lost.

Un petit tour sur la platine et puis retour à la première piste pour quarante nouvelles minutes de dénuquage.

mardi 3 février 2009

Grouper - I'm Dragging a Dead Deer Up a Hill


Fort de deux albums, Grouper nous revient avec un album au style plus épuré qu' à l' accoutumé, donnant autrefois dans le drone et l' ambient à proprement parler et lorgnant désormais vers des arrangements folk plus traditionnels, composé vraisemblablement entre deux siestes.

A l'écoute de ce I'm dragging a dead deer up a hill, on ne peut s'empêcher de comparer ce nouvel album à July Skies pour ses compositions à la fois douces et amères ou bien encore à My bloody valentine, pour la voix, qui se veut distante et angélique. Cependant la comparaison s' arrête là, la musique de Grouper demeure singulière. Au fil des morceaux, des paysages nous apparaissent tantôt ensoleillés tantôt d'une beauté ténébreuse ( I' m dragging a dead deer up a hill) qui nous mènent vers « Le sentier redécouvert où sont resté gravés les pas perdus de l'enfance ». Une citation de Kundera qui prend tout son sens au fur et à mesure de chaque écoute tant les compositions du groupe procurent à l'auteur un sentiment de nostalgie teintée de joie et de tristesse, le désir inassouvi de pouvoir retourner autre que par le souvenir.

Des compositions qui oscillent entre folk songs des plus inspirés ( Fishing bird, Heavy water / I' d rather be sleeping) et minimalisme (stuck, traveling through a sea) soutenu par une voix d'une étrange beauté semblant venir d'ailleurs et qui souligne le lyrisme dont regorge la moindre note, le moindre accord. Une voix qui semble être le fil conducteur de cette rêverie tout en demi-teinte entre douceur fragile et mélancolie. La réverb n' égratigne jamais l'oreille, elle se veut accueillante, arrondie et chaleureuse. Un écho qui nous transporte dans un état de bien-être proche de la léthargie qui se confirme sur le très fataliste, When we fall, et qui se décuple dans les trois dernières pistes de cet album, qui voit sa progression ralentie d'une bien belle manière. Le très ambient ,Wind and snow, qui trouve son acheminement sur un We've all gone to sleep, morceau tout en retenu synonyme à la fois de fin d'album et de fin de voyage.

Grouper nous livre ici un album homogène, le plus organique à ce jour, aux compositions simples mais efficaces, une véritable célébration de la nature dans ce qu'elle a de plus poétique à offrir, sans jamais tomber dans le pathos. Des mélodies qui provoquent chez l'auditeur un état d'apaisement, une aspiration à la rêverie et un fort ressenti. Un joyau brut qui nous bouleverse et qui plus est une bande sonore parfaite à des souvenirs déjà lointains...

lundi 2 février 2009

Wire - Pink Flag




Wire distille sur ce premier opus un punk-rock incisif allant droit au but, sans aucun temps mort (l'album compte 22 morceaux pour une durée totale de 36 minutes). Leurs compositions oscillent entre un côté loufoque et bancal très plaisant (Three Girls Rhumba, Mannequin), et des compositions plus sérieuses (Reuters, Ex Lion Tamer).

Je ne peux m'empêcher de penser aux Dead Kennedys pour certaines intonations de voix ou aux Ramones pour le côté minimaliste des compositions (1 2 X U, Surgeon's Girl), minimalisme jamais au détriment de l'efficacité et du potentiel de tapage de pied en rythme.

Le rythme se fait toutefois par moment plus pesant, le tempo ralentissant et la gravité du propos augmentant (Lowdown, l'éponyme Pink Flag au final dantesque), signe des changements prochains que subira la musique du groupe. La piste Strange, portant très bien son nom, est aussi un exemple d'O.V.N.I. au sein de cet album, au son de guitare fuzzé et crépitant et aux samples étranges et inquiétants.

Pink Flag est donc, en quelque sorte, le bac à sable ayant servi à Wire de trouver ses marques et de poser sur table des bases qu'ils exploreront d'avantage par la suite.

vendredi 30 janvier 2009

Fugazi - Repeater + 3 Songs


Premier long effort du groupe originaire de Washington, DC fusionné au précédent EP "3 songs", Repeater + 3 songs fait tout simplement office d'album à posséder coûte que coûte pour qui s'intéresse de près ou de loin à la scène Rock en général.

La basse et la batterie forment le socle musical de la musique de Fugazi sur lequel viennent se poser les mélodies tantôt dissonantes (Repeater), tantôt faussement naïves (Merchandise) des deux guitares, ces dernières distillant aussi leurs riffs acérés au son typiquement 90's, son creusé dans le bas du spectre donnant du mordant à un crunch peu distordu comparé à la production actuelle. Cette caractéristique apporte au son une dynamique très élevée.

La basse, très chaude et ronde (Turnover, Brendan #1), quelquefois claquante (Sieve-Fisted Find), associée aux rythmes de batterie bien sentis et leur omniprésence dans le mix nouent une parenté avec le post-punk tandis que les voix nous rappellent d'où vient Ian MacKaye avec cette sensibilité hardcore présente en trame de fond (Styrofoam). Sensibilité hardcore s'estompant parfois pour laisser paraître des sonorités emo (Blueprint, Shut The Door). Le groupe nous gratifie même de passages noisy que ne renieraient pas les membres de Sonic Youth (Reprovisional) ou d'une musique à la limite du math rock (Brendan #1).

Telle est la musique de Fugazi sur ce 33 tours, un melting pot d'influences parfaitement digérées et de parties musicales très personnelles et reflétant le background musical des musiciens, le tout dosé à la perfection.

Nous sommes en 1990, et Fugazi dépose une pierre angulaire du post-hardcore et de l'indie-rock à venir durant la décennie. Un album culte et intemporel.